Catastrophe glaciaire au Tronador, le 28 mai 2009.

Transmis par Cedric Larcher le Boss de "Kairn"... le 3 Aout 2009, et que je remercie. C'est le site N° 1 de la grimpe dans le monde.
Le lac glaciaire du Ventisquero Negro au Mont Tronador a lâché. Il a fait une crue énorme en juin dernier, emportant la forêt, les ponts etc…
Le glacier bloquait le lac glaciaire en le contournant et en s’appuyant sur la moraine du PAG (cela se voit bien sur l’image satellite).
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Le lac est encore clairement visible sur Google Earth en cherchant a l’est du Mont Tronador en Argentine.
 
41° 11' 53.84" S 71° 50' 37.39" W

Avec des étés très chauds ces dernières années, et un gros épisode de pluie en mai dernier, la moraine s’est imbibée et le glacier a perdu en résistance pendant que le lac gagnait plusieurs mètres de hauteur.
La moraine a cédé laissant passer les eaux du lac plus de nombreux blocs de glace dont certains de plusieurs m3 ont été retrouvés 8Km en aval a Pampa Linda.Certains petits ont même été aperçus dans le lac Mascardi a 24Km de là.
Je retournerai sur place sans doute dans quelques jours et je devrais avoir les photos satellite et d’hélico bientôt.   Cedric.

Le Tronador est un important volcan situé à la frontière entre l'Argentine et le Chili. Le volcan est actuellement au repos.

Son nom de Tronador (en espagnol « tonnant ») lui a été donné suite aux bruits de chute de séracs se produisant régulièrement et donnant à peu près l'impression de tonnerre.
La première ascension fut réalisée en solitaire le 29 janvier 1934 par Hermann Claussen.
En Argentine il se trouve en province de Río Negro,
département de Bariloche, aux environs de la ville de San Carlos de Bariloche. Du côté chilien, il fait partie de Xe région de los Lagos.
Le massif se dresse à la frontière, séparant ainsi deux parcs nationaux : les parcs Nahuel Huapi en Argentine, et Vicente Pérez Rosales au Chili.
Le Tronador a une altitude de 3 491 mètres. Il possède trois sommets.
Le sommet chilien a une altitude de 3 320 mètres, le sommet argentin, 3 200 mètres et le sommet frontalier, argentino-chilien, 3 491 mètres. Il se dresse dans une région aux précipitations extrêmement abondantes, et est de ce fait couvert de neige et de glaciers. On compte sept glaciers (Frias, Alerce, Castaño Overo, Manso, Peulla, Casa Pangue et Río Blanco).

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La catastrophe a eu lieu dans la nuit du 21 mai et a provoqué de grands dommages matériels et environnementaux dans la zone de Pampa linda, au pied de la montagne Tronador. La région est encore isolée et ses habitants ont été évacués en hélicoptère.
Le chemin d'accès est coupé en trois lieux. Les plus grands dommages se sont produits au pont sur la rivière endiguée, qui a été détruit par l'eau.

Nicolas de la Cruz est guide de montagne et géologue, et connaît très bien la région.  Il expliqué que ce phénomène est peu habituel mais a des antécédents dans plusieurs régions du monde. Il a rappelé qu'en 1960 un glacier de la colline Plomb, en Mendoza, a bloqué le cours de la rivière Mendoza, et formé un lac.

Nicolas de la Cruz a expliqué que le lac du Glacier Noir s'est formé durant les dernières années, produit du réchauffement actuel. Le lac a commencé à monter, ce qui s'est accentué pendant les deux derniers étés, avec des températures importantes. « Le glacier perdait beaucoup de masse par fonte », a t'il dit. Il a rappelé qu'il y a de nombreuses années on faisait là des cours d'escalade de glace, qui ont été ensuite suspendus par la présence d'eau.

Il a estimé que la rupture qui s'est formée a déversé des millions de litres d'eau accumulés par le glacier.  L'alluvion a détruit des centaines d'arbres, a détruit aussi tous les ponts et plusieurs sections du chemin carrossable.

Il a aussi affirmé que « la capacité érosive de l'eau augmente géométriquement en ce qui concerne son débit », ce pourquoi les blocs de glace sont arrivés jusqu'à Pampa linda, à 8 kilomètres distance, et petits blocs jusqu'au lac Mascardi, éloigné de quelques 24 kilomètres.


Photos de Cedric Larcher :
Photo du Tronador et du lac glaciaire en 2007, 2 ans avant la catastrophe.
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Photos après la catastrophe.
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Photos prises d'hélico.
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On voit bien que l'avalanche de glace a plongé dans le lac qui occupait une partie de la cuvette de la moraine du Petit âge glaciaire, puis cet alluvion fait de glace, de roches, graviers et eau, s'est ruée dans la vallée emportant tout sur son passage, arbres, terre et rochers.
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Nouvelles photos de Cedric Larcher qui nous montre la vidange du lac du Ventisquero Negro, Cerro Tronador.
Image d'une première, navigation sur le lac du Ventisquero Negro, Cerro Tronador.
Le lac s'est fortement vidé il y a un an suite a une rupture du barrage
morainique. Grosse crue inondation en contre bas.


Ce qu'il reste de la laguna et les dégâts de la crue.




Ruptures de Poches d'eau.

Le Glacier de Trient (à plusieurs reprises)

Le glacier du Trient (Massif du Mont Blanc, Suisse) comporte une poche sous-glaciaire, appelée "Tine", qui se vidange
régulièrement tous les 3 à 5 ans, provoquant une augmentation du débit du torrent émissaire.
Plusieurs dates ont marqué l'histoire de ce glacier.
- le 17 juillet 1911, suite à une vidange de la "Tine", le débit du torrent émissaire du glacier du Trient a été multiplié par deux.
- la période du 20 au 25 juillet 1930, durant laquelle la vidange a entraîné une petite augmentation de débit du torrent émissaire
- du 6 au 8 juillet 1942, trois débâcles ont été enregistrées, celle du 7 juillet a été particulièrement dangereuse, provoquant une énorme augmentation de débit (de 3,5 m3/s normalement en été, à 26 m3/s au maximum de la vidange) !
Le volume d'eau évacué par la "Tine" a été estimé à 840000 m3.
- le 6 août 1960, la débâcle a été dévastatrice, le flot ayant emporté des ponts, coupé les routes, rompu les digues.
Le débit maximum enregistré au moment de la crue était de 25 m3/s, au lieu des 3,5 m3/s habituels à cette époque.

Le volume maximum de la poche d'eau a été estimé,
d'après la débâcle qui a eu lieu en août 1960, à un peu plus d'un million de mètres cubes.

Le glacier de Tête-Rousse (1892)

La catastrophe du glacier de Tête-Rousse (Massif du Mont Blanc, France) s'est produite dans la nuit du 11 au 12 juillet 1892.
La rupture d'une poche d'eau sous-glaciaire, située à 3150 m d'altitude environ, a entraîné la libération d'une importante masse d'eau, estimée à 200000 m3.
A ces 200000 m3 d'eau se sont ajouté les 90000 m3 de glace qui constituaient le bouchon qui a été expulsé.
Toute cette masse en mouvement a ensuite emprunté l'étroit couloir du Bossonney, en l'érodant intensément (800000 m3 ont été mobilisés dans cette vallée).
Le mélange d'eau, de glace et des matériaux érodés a donné naissance à une lave torrentielle énorme.
Après de nombreux phénomènes d'embâcles et débâcles, cette masse de boue a rapidement (sa vitesse a été estimée à 14 m/s) atteint l'établissement thermal de Saint-Gervais et ses environs, où elle a tout dévasté, faisant 175 victimes.
En poursuivant son chemin, elle s'est étalée dans la plaine en aval jusqu'à l'altitude de 600m, en laissant sur place quelques 600000 m3 de matériaux.
D'après les témoins, la rupture de la poche d'eau a provoqué une détonation, ainsi qu'un violent effet de souffle.

La poche qui s'est rompue était constituée de 2 cavités communicantes, et Vallot (1892) a estimé à 3 ou 4 mois, le temps nécessaire pour accumuler cette quantité d'eau.
Il semble, d'après les croquis exécutés par Vallot, que l'origine de la poche soit consécutive à un effet de barrage de l'écoulement sous-glaciaire par la glace, au niveau d'un seuil rocheux dans le profil longitudinal.
Suite à l'érosion mécanique de la glace par les eaux, cette disposition en seuil a favorisé la constitution d'une énorme cavité sous-glaciaire, qui a progressivement débordé du seuil rocheux vers l'aval.
Lorsque la pression exercée par l'eau sur la glace a été suffisante, la partie de glace jouant le rôle de bouchon a été arrachée et pulvérisée ; le départ de l'eau accumulée dans la cavité sous-glaciaire a alors provoqué l'effondrement de la voûte amont qui la surmontait.

Pour éviter une deuxième catastrophe de ce type, il fut décidé de construire un tunnel de drainage qui permettrait à l'eau de s'évacuer. Un premier tunnel fut foré entre 1899 et 1900.
Ce tunnel avait pour objectif d'évacuer l'eau accumulée au niveau de la cavité supérieure du glacier, derrière le seuil rocheux.

Mais après son creusement, ce tunnel était à une altitude trop élevée pour pouvoir vider toutes les eaux de la poche. Il fut donc décidé de construire une nouvelle galerie Le tunnel devait relier la base du glacier de Tête Rousse au versant ouest qui descend vers le glacier de Bionnassay, car le versant nord est obstrué par un glacier (glacier de la G En 1904, le tunnel fut achevé et permit l'évacuation des 22000 m3 d'eau qui s'étaient accumulés depuis 1892 dans la nouvelle crevasse.
Depuis, la sortie du tunnel est régulièrement nettoyée tous les deux ans par l'O.N.F. (Office National des Forêts). Il n'y a plus jamais eu d'accident. l'orifice se situerait à 3115 mètres d'altitude.

Voir également ici, le glacier de Bionnassay.


28 juillet 2010. Risque d'inondation de 800 habitations :
Travaux d'urgence sur le glacier de Tête Rousse.

Une poche d'eau d'environ 60 000 mètres cubes s'est accumulée dans une cavité sous-glaciaire de Tête Rousse (territoire communal de Saint-Gervais).
Le risque d'inondation étant réel si elle venait à céder, des travaux d'urgence ont été lancés, ainsi qu'une procédure de sauvegarde.
Une opération de pompage va être menée d'août jusqu'en octobre pour vidanger le glacier et éradiquer le risque. Durant cet intervalle, le glacier est sous surveillance et, à compter d'aujourd'hui, des mesures préventives d'alerte et d'évacuation de la population menacée sont mises en œuvre pour la durée des travaux.
Les habitants d'environ 800 habitations concernées seront informées par une réunion publique tenue ce soir.

AFP : "L'Etat vient de débuter des travaux de sécurisation d'un glacier du massif du Mont-Blanc, où a été détectée une importante poche d'eau menaçant d'inonder la vallée de Saint-Gervais, ont indiqué aujourd'hui les autorités locales.

Ces travaux ont été décidés sur la base d'une étude du glacier de Tête-Rousse par des glaciologues du CNRS révélant l'existence d'"une poche d'eau située à 75 mètres de profondeur qui ne possède pas de purge naturelle comme la plupart des glaciers", a expliqué à la presse le maire de Saint-Gervais, Jean-Marc Peillex.

Les glaciologues, qui ont réalisé depuis 2009 une vingtaine de forages à plus de 3.200 mètres d'altitude, ont conclu à l'existence d'une masse d'eau de 65.000 m3 située sous le glacier de Tête Rousse. "Les poches d'eau situées sous les glaciers sont un phénomène assez rare", a par ailleurs souligné Christian Vincent, chercheur au CNRS.

Depuis une dizaine de jours, l'Etat a débuté des travaux de sécurisation consistant à mettre en place des câbles reliés à un système d'alerte pour prévenir la population en cas d'explosion de la poche d'eau, puis à pomper 25.000 m3 d'eau situés dans une caverne à partir du 20 août, les 40.000 m3 restant n'ayant pu être précisément localisés. Particulièrement périlleux en raison de l'altitude, ces travaux devraient coûter plus de 2 millions d'euros, subventionnés à 80% par l'Europe et l'Etat".

Une fois les travaux de sécurisation achevés, des pompes vont être immergées afin de vidanger les 25.000 m3 d'eau situés dans l'unique cavité localisée avec précision. Les 40.000 m3 restant n'ont pu être précisément repérés.

"Les poches d'eau situées à l'intérieur d'un glacier sont assez rares, et l'origine (de la poche du glacier du Mont-Blanc) reste encore inexpliquée", a affirmé de son côté Christian Vincent, chercheur au CNRS. Il a expliqué qu'une "anomalie" avait été détectée en 2007 avant d'être identifiée à l'aide de mesures par résonance magnétique. "Le réchauffement climatique qui a diminué l'épaisseur du manteau neigeux situé sur le glacier" pourrait expliquer le phénomène, selon le glaciologue. "Moins protégé du froid l'hiver, le fond de la cavité se refroidit et ne permet pas à l'eau accumulée de s'évacuer naturellement", avance-t-il. En cas de rupture, la poche d'eau pourrait s'écouler en 15 à 30 minutes dans la vallée et "près de 900 familles pourraient être concernées", s'inquiète Jean-Marc Peillex, jugeant nécessaire "d'informer la population de ce risque". En 1892, l'explosion d'une poche d'eau similaire à l'intérieur du glacier avait provoqué ce que les géologues nomment une "lave torrentielle", mélange d'eau, de graviers, de rocs, de terre et d'arbres, qui s'était répandue dans la vallée et avait tué 175 personnes. "Il ne faut pas se voiler la face, l'urbanisation et la fréquentation touristique du glacier rendent le risque bien plus important qu'en 1892", dit le maire de Saint-Gervais". 


Des techniciens s'apprêtent à installer, le 28 juillet 2010, un système d'alerte sur le glacier de Tête Rousse (3.150m) dans le massif du Mont Blanc.

Photo prise le 28 juillet 2010 du glacier de Tête Rousse (3.150m) dans le massif du Mont Blanc.
Suite sur le forum...

Le glacier de Tête rousse est le petit glacier plat dans la petite cuvette au pied de l'Aiguille du goûter (centre droit) avec une langue de neige verticale en dessous, à cette date du 1er aout.


le 20 septembre 2010 : Gràce au projecteur, on voit bien le lieu du pompage de l'eau.


Voir la vidéo d'A2.

31 juillet. Le refuge du Nid d'Aigle ainsi que le dernier tronçon du Tramway du Mont-Blanc sont fermés pour le reste de la saison d'été en raison du risque que représente la poche d'eau. Un manque a gagner considérable après l'incident du Montenvers mi-juin

En cas de rupture du bouchon de glace, l'eau emportera la bouée qui entraînera le câble et provoquera sa rupture, ce qui donnera l'alerte.
 


Mercredi 25 aout débute sur le glacier de Tête-Rousse le pompage.
Les ouvriers partent à l'assaut du glacier menaçant.

Retirer l’épée de Damoclès qui pèse sur 3.000 habitants de la vallée de Saint-Gervais (Haute- Savoie), tel est le pari que doivent relever une quinzaine d’ouvriers dès ce mercredi. Leur mission: purger 65.000 m³ d’eau prisonniers de plusieurs poches sous le glacier de Tête-Rousse, à 3.200 mètres d’altitude. Un exercice de haute voltige commandé par l’urgence. Si la roche et la glace retenant l’eau venaient à céder, l’équivalent du contenu d’une vingtaine de piscines olympiques se déverserait d’un coup sur quelque 900 habitations. Dans ce décor majestueux, au cœur de la "voie royale" menant au mont Blanc, le premier défi sera de creuser, avec une pelle araignée, des puits de forage de 75 mètres afin d’atteindre la seule poche – qui contient 25.000 m³ d’eau – repérée pour l’heure par les glaciologues du CNRS entre 2007 et 2010.

"Il s’agira ensuite de pomper verticalement l’eau puis de la répandre de façon régulée en trois points de sortie différents", détaille Jean-Marc Peillex, maire de Saint-Gervais et maître d’oeuvre des opérations. Des travaux qui coûteront près de 2,5 millions d’euros – financés à 80% par l’Etat et l’Europe, le reste par la commune et le conseil général – et s’étaleront jusqu’au mois d’octobre. Au final, tout sera-t-il pompé? "On se doit d’être pragmatique et de purger ce qui maintient la glace sous pression, explique l’édile. Mais on part dans l’inconnu avec cette vidange artificielle. Il ne faudrait pas, une fois le pompage effectué, que la masse d’air fragilise à son tour la paroi. L’important est de pouvoir contrôler la réaction du glacier."

Du côté des professionnels du tourisme de Saint-Gervais-les- Bains, le souvenir hante peu les esprits. Beaucoup craignent plutôt qu’un vent de panique n’ait soufflé chez les curistes habitués des lieux. Dans les thermes, tous situés en pleine zone à risques, on confesse avoir enregistré nombre d’annulations. Sans toutefois avancer le moindre chiffre. Sur la place du marché, restaurateurs et commerçants pestent. "C’est une saison catastrophique, avec 30 à 40 % de clients en moins", estime le gérant de la brasserie L’Affiche. Même son de cloche chez son voisin hôtelier qui déplore un bon tiers d’annulations depuis la mi-juillet.

Les gîtes situés aux alentours de l’aiguille du Goûter, voie d’accès la plus utilisée vers le mont Blanc, sont sans doute les premières victimes des désaffections. Gardien du refuge du Nid d’Aigle, terminus du Tramway du Mont-Blanc (TMB), Jeff fait grise mine. A l’ombre du glacier menaçant, son refuge a été fermé par arrêté municipal. Le dernier arrêt du tramway a été déplacé 250 mètres en contrebas, au mont Lachat. Dans l’urgence, il a transformé le site, une ancienne soufflerie aéronautique, en buvette improvisée. Pas de quoi lui redonner le sourire. En temps ordinaire, son chiffre d’affaires peut atteindre 100.000 euros pour les trois mois de la pleine saison; à la mi-août, il n’atteint cette année que 7.000 euros. Comme bon nombre de professionnels de la montagne, Jeff dénonce l’hypocrisie de la campagne menée par les autorités. "C’est du n’importe quoi, s’emporte- t-il, puisque rien n’empêche les vacanciers de monter d’ici, à pied, jusqu’au Nid d’Aigle. Quelqu’un qui n’a aucun entraînement le fait en trente à quarante- cinq minutes, le long de la voie ferrée. Les jours de grand beau, des centaines de touristes le font et se retrouvent sous le glacier de Tête-Rousse."

Thierry Boinet et Julien Descalles - Le Journal du Dimanche.

Veuillez installer Flash Player pour lire la vidéo



Le 01/09/10.
Glacier de Tête Rousse : Les 40.000 m3 d'eau manquants.

    La poche d’eau découverte dans le glacier de Tête Rousse, en Haute Savoie, est en cours de pompage. Cependant la cavité forée ne contient pas toute l’eau détectée par les chercheurs. Les explications du glaciologue Christian Vincent.

    Sur le glacier de Tête Rousse, en Haute Savoie, le pompage de la poche d’eau subglaciaire est en cours depuis une semaine, à 3.200 mètres d’altitude. L’objectif est de prévenir le risque d’une vidange brutale de cette poche, qui menace 900 habitations en contrebas. Christian Vincent, chercheur au Laboratoire de glaciologie et géophysique de Grenoble (LGGE, CNRS/Université J. Fourier), a conduit les études sur ce glacier. Il répond aux questions de Sciences et Avenir.fr.

    Sciences et avenir.fr : Comment va réagir le glacier aux opérations de pompage de la poche d’eau?
    Christian Vincent : La cavité que nous avons identifiée grâce aux forages mesure environ 40 mètres de large à sa base, et 29 mètres au plus haut, ce n’est pas énorme par rapport à l’ensemble du glacier. Et au-dessus il y a 40 m de glace. A priori il n’y a donc pas de risque d’affaissement du glacier. Cependant nous prenons toutes les précautions: nous descendons ce mercredi un sonar dans le trou de forage pour surveiller l’évolution des contraintes mécaniques au fur et à mesure que l’eau est remplacée par l’air. Nous avons aussi en surface un équipement comparable à ce qui est utilisé pour surveiller les barrages : nous pouvons ainsi calculer les mouvements du glacier avec une précision de 5 mm.

    Y a-t-il une seule cavité ou plusieurs sous le glacier?
    Lors de la prospection, nous avons détecté la présence de 65.000 m3 d’eau [grâce à la résonance magnétique des protons, ndlr]. Cependant avec les forages nous n’avons découvert qu’une seule cavité, d’une contenance de 25.000m3 environ. Il manque donc 40.000 m3 qui sont dans doute répartis ailleurs dans le glacier. L’eau peut être dans d’autres cavités ou dans des chenaux intraglaciaires. Elle peut aussi être piégée dans des sédiments sous-glaciaires (éboulis gorgés d’eau situés sous le glacier). Dans ce dernier cas elle ne pose pas le même risque qu’une poche. On espère cependant réussir à pomper toute l’eau.

    Est-il fréquent de trouver des cavités sous les glaciers?
    Dans les glaciers tempérés (à 0°C) avec un mouvement rapide, il existe souvent des cavités sous glaciaires à l’aval des bosses du socle rocheux. Pour les glaciers très lents comme celui de Tête Rousse, ce n’est pas le cas car la glace flue et bouche les interstices. Dans le cas présent, l’eau des fontes et des précipitations -qui s’infiltre à travers les fissures dans la partie amont- se trouve bloquée par une langue de glace froide à -2°C et donc étanche, collée au socle rocheux. Ne pouvant s’écouler, sous l’effet de la pression, l’eau a déformé la glace et créé cette cavité.

    Comment s’est formée cette langue de glace très froide ?
    Depuis environ 30 ans, nous observons une diminution du manteau neigeux sur les glaciers de cette région. Cette fonte du manteau neigeux -qui joue un rôle isolant- entraîne un refroidissement de la langue du glacier. C’est un effet paradoxal du réchauffement climatique. Le glacier de Tête Rousse est situé sur une sorte de contrefort et ses versants ne sont pas englacés : le froid pénètre donc plus facilement. On observe aujourd’hui que le glacier est divisé en deux parties : il est à 0°C dans sa partie amont mais -2 à -2,5°C en aval, là où s’est formée la langue de glace étanche qui a piégé l’eau.

    Le même mécanisme peut-il expliquer la formation de la précédente poche, celle qui s’est vidangée brutalement en 1892 ?
    Non, c’est sans doute un phénomène différent qui s’est produit. En 1892 il y avait deux cavités reliées entre elles, une inférieure et une supérieure. Cette cavité supérieure était très près de la surface, à 5 ou 10 mètres. A l’époque les ingénieurs des eaux et forêts qui ont analysé la situation après le désastre ont supposé que le plafond de la cavité supérieure s’était écroulé, provoquant une suppression de l’eau, qui aurait ensuite fait sauter le «bouchon». Nous pensons aujourd’hui que cela s’est passé différemment. Un lac s’est formé sur le glacier entre 1860 et 1878. Suite à une période de forte accumulation neigeuse, ce lac a été recouvert de neige formant en 1892 une couche de névé ou de glace de 5 à 10 m qui reposait sur l’eau. C’est ainsi que s’est formée la cavité supérieure. La cavité inférieure elle, s’est formée plus en aval, plus près du socle rocheux. Suite à la rupture de la langue frontale sous l’effet de la pression de l’eau, ces cavités se sont brutalement vidangées et le plafond de la cavité supérieure s’est effondré.

    Propos recueillis par Cécile Dumas. Sciences et Avenir.fr


14 septembre 2010 : Cécile Dumas Sciences et Avenir.fr
Surveillance renforcée sur le glacier de Tête Rousse.

Le risque d’affaissement a été légèrement revu à la hausse pour le glacier de Tête Rousse, où une poche d’eau doit être vidée. Le pompage doit reprendre en fin de semaine avec une cadence accélérée.

Les
                                          travaux de forage ont commencé
                                          le 25 août sur le glacier de
                                          Tête Rousse, dans les Alpes.
                                          (AFP / Jean-Pierre Clatot)
Les travaux de forage ont commencé le 25 août sur le glacier de Tête Rousse. (AFP / Jean-Pierre Clatot)

Un toit de glace de 30 à 40 mètres d’épaisseur pourrait-il s’effondrer sur le glacier de Tête Rousse, où une opération de pompage sans précédent a été décidée pour vider une dangereuse réserve d’eau de 65.000 m3?

Relativement optimiste, les glaciologues qui suivent ce chantier estimaient au départ qu’il y avait très peu de risque que le glacier s’affaisse. Cependant, un calcul basé sur de nouvelles données d’observations ont amené les chercheurs a réévalué ce risque légèrement à la hausse. Du coup les mesures de protection ont été renforcées.

Cavité irrégulière et complexe

Grâce aux premiers puits de forage creusés fin août pour descendre les pompes, l’équipe de Christian Vincent, du Laboratoire de glaciologie et géophysique de Grenoble (LGGE, CNRS/Université J. Fourier) a pu préciser les contours de la cavité pleine d’eau présente dans le glacier. Le sonar a révélé une cavité aux formes très complexes, très irrégulières, qui contiendrait au moins 25.000 m3 d’eau. Sa hauteur varie entre 20 et 30 mètres de haut. Elle s’étend sur 30 à 40 mètres dans le sens de l’écoulement du glacier (de l’amont vers l’aval) et sur 80 mètres dans l’autre sens.

Au-dessus de cette cavité se trouve une épaisseur de glace de 40 mètres en moyenne. Si ce toit de glace tombe sur une cavité vide, la population de Saint-Gervais qui vit en contrebas ne sera pas en danger. En revanche, si le glacier commence à s’affaisser alors que la cavité est encore très pleine, il augmente le risque de rupture du glacier en faisant monter la pression de l’eau dans la poche. Il pourrait alors se produire ce que les autorités craignent depuis la catastrophe de 1892 : une vidange brutale de la cavité et une «lave torrentielle» qui dévale les pentes jusqu’aux habitations.

Un risque pas écarté

Les calculs réalisés début septembre par Christian Vincent et ses collègues montrent que ce risque n’est pas nul. «Les contraintes de traction sur le toit de la cavité ne sont pas très loin de la limite de rupture» explicite le glaciologue. Entre fin août et début septembre 6.500 m3 d’eau ont été pompés pour faire baisser la pression dans la poche d’eau. Les opérations ont ensuite été suspendues pour ne pas faire bouger le glacier trop vite.

Les chercheurs ont préconisé aux autorités de réaliser un pompage rapide, avec trois pompes en action afin de vider 5.000 à 7.000 m3 par jour. Ainsi en six jours ils espèrent avoir sorti plusieurs dizaines de milliers de mètres cubes d’eau et écarté le risque d’un affaissement sur une cavité encore bien remplie.

Où est l'eau?

«La prospection par résonance magnétique des protons (RMP) a permis d’estimer le volume à 65.000 m3 d’eau, avec une marge d’erreur de plus ou moins 15.000 m3. Si nous sortons 45.000 m3 on n’aura plus vraiment de souci à se faire» estime Christian Vincent. La contenance de la cavité est estimée à 25.000 m3 mais elle pourrait être plus grande ou être reliée à d’autres cavités plus petites qui s’y déversent. De nombreuses incertitudes demeurent sur la répartition des 65.000 m3.

Le forage du troisième puits est en cours et le pompage devrait reprendre ce vendredi. Les mouvements du glacier sont traqués grâce à des repères placés en surface. Si ces mesures topographiques révèlent un affaissement dépassant 1 à 2 cm par jour, «ce sera un signe possible de fracturation» explique le chercheur grenoblois. Des mesures de précautions sont prises pour les personnes travaillant sur le chantier. Une surveillance permanente est également mise en place, nuit et jour, en plus du système d’alerte placé début juillet sur l’aval du glacier. La vigie sonnera l’alarme en cas d’affaissement rapide sur le glacier de Tête Rousse.

Nouvelle vidéo du pompage, qui de plus est superbe.

Fin des travaux au glacier de Tête Rousse Le pompage s'achèvera le 11 octobre prochain sur le glacier de Tête Rousse.
 
Les travaux de pompage au glacier de Tête Rousse s’achèveront lundi 11 octobre, en raison de l’arrivée du froid.«Le mauvais temps, la neige, le risque d’avalanche arrivent. On ne va pas faire prendre des risques humains aux équipes sur place», a déclaré le maire de Saint-Gervais, Jean-Marc Peillex, précisant que le chantier, situé à plus de 3?000 m d’altitude, allait être «démonté».
Depuis le 26 août, ce sont «près de 45 000 m³» d’eau qui ont été pompés sur les 65 000 m³ estimés, soit 70 % du volume total de la poche, permettant ainsi de faire baisser la pression de près de 8 bars. Certes, la cavité va continuer à se remplir d’eau, mais certainement moins qu’en été grâce au gel qui diminuera l’infiltration.Une information qui devrait rassurer les 3000 personnes qui «pourraient être concernées» en cas de rupture de la poche d’eau sous le glacier.


 
Le 16 mai 2011.
La poche de Tête Rousse se remplit à nouveau.

Le phénomène relevait d’un effet paradoxal du réchauffement climatique. Plus froid dans sa partie basse, où le barrage de glace empêchait l’eau de s’évacuer, que dans la partie haute, Tête Rousse avait vu la formation d’une poche qui menaçait d’inondation la commune de Saint-Gervais et ses environs (900 habitations). L’été dernier, l’affaire de son pompage avait fait grand bruit (lire ci-dessous).

Reste qu’au terme de cet hiver, sec mais froid en son début, selon les mesures effectuées par les capteurs de pression du Laboratoire de glaciologie et de géophysique de l’environnement de Grenoble, le niveau d’eau serait remonté et près de 4 000 m 3 se seraient accumulés en quelques mois, alors même que la fonte estivale n’avait pas commencé.

Aussi, de nouvelles études ont été lancées pour surveiller le remplissage de la cavité, alors que rien ne permet de dire à ce jour que ce liquide provient directement de la fonte de surface. Sa provenance demeure une énigme selon l’ingénieur Christian Vincent du laboratoire de Grenoble. Une surveillance radar doit déterminer à partir de quand le glacier devra être vidangé à nouveau, selon l’aléa pour les populations.

Un deuxième volet de l’étude se préoccupera davantage de la sécurité des alpinistes. En effet, si cette cavité de 30 m est recouverte d’une épaisseur de 40 m de glace et de neige dans sa partie centrale, en certaines extrémités le “pont” qui la recouvre n’excéderait pas 6 m.

D’où un possible risque d’effondrement et la crainte de voir la poche s’agrandir, à un endroit où, en surface, plusieurs milliers d’alpinistes traversent le glacier sur la voie du mont Blanc chaque été.
Source DL.


14 septembre 2011
La cavité est presque pleine, il y a urgence à pomper

Les dernières conclusions des scientifiques du CNRS, établies dans un rapport début septembre, montrent que la cavité s’est à nouveau remplie. Missionnés cet été pour comprendre le phénomène et le rythme de remplissage du glacier, et surtout pour rechercher un système de vidange naturel et pérenne de la cavité, les scientifiques révèlent bien un lien entre la canicule du mois d’août – avec une accélération le 12 – et l’augmentation importante du niveau d’eau de la cavité.
Plus qu’à 12 m de la surface

« On sait que l’eau monte, puisque qu’on n’est plus qu’à 12 m de la surface de la glace » commente le maire. De nouveaux travaux de pompage préventifs ont été décidés conjointement par Philippe Derumigny, le préfet de la Haute-Savoie, et Jean-Marc Peillex. Coût de l’opération 545 000 €. La pelle araignée est d’ailleurs montée vers Tête Rousse hier matin.

Et le temps presse avant l’arrivée du froid (lire ci-contre). L’an dernier les travaux avaient dû être stoppés le 8 octobre. « C’est toute la grande difficulté d’un chantier comme celui-là ! » plaide l’édile. La bonne nouvelle, oui il y en a une, le mouvement d’affaissement de la glace au-dessus de la poche s’est interrompu...

28 septembre 2011
Nouveau pompage au glacier de Tête Rousse

Alors que la poche d'eau qui menace la commune de Saint-Gervais a atteint un volume de 25 000 m³ et un niveau proche de la surface, de nouvelles opérations de pompage d'urgence ont commencé ce mercredi. L'an dernier déjà près de 50 000 m³ avaient déjà été vidangés. Il s'agit d'une opération à titre préventif, une vidange naturelle pouvant représenter un trop grand risque d'inondation.


19 juillet 2012


Graphique : A. Buisson, 1998, d'après Vallot, 1892.

poche


Trou supérieur du glacier de Tête rousse correspondant à l'effondrement du toit de la cavité dans laquelle s'est accumulée la poche d'eau.
Dessous : Trou inférieur. A noter la stratification de la glace.


Les Thermes au Fayet.
          

Dans la plaine du Fayet


Information qui m'a été transmise directement
 et que je tiens à faire connaitre.


je voulais juste ajouter une information concernant le tunnel creusé sous le glacier de Tête Rousse.
Vous dites que le tunnel est entretenu par l'ONF (ou plus exactement le service de la Restauration des Terrains en Montagne d'Annecy). C'était vrai encore il y a 3 ans.
Seulement, le chef de ce service a changé fin 2005. Et aujourd'hui il a décidé de ne plus entretenir ce tunnel. Il souhaite également faire détruire la cabane à coté du refuge (qui je le rappelle a servi pour l'étude du glacier après la catastrophe).

Moi je suis contre cette destruction et je ne souhaite pas non plus que le tunnel soit abandonné.
Je connais bien ce tunnel puisque je l'ai visité à plusieurs reprises.
La cabane et le tunnel font partie de notre patrimoine, il serait dommage de les détruire.


Le lac de Tacul (1819)

Le lac de Tacul se trouvait à la confluence des glaciers de Leschaux et du Tacul (Massif du Mont Blanc, France).
Il était retenu
par un barrage de glace.
Bien que s'étant vidé à plusieurs reprises, une seule de ses vidanges a été notée avec précision ; c'est celle du le 13 août 1819 , qui a provoqué un afflux d'eau important au niveau de la partie inférieure de la Mer de Glace, et entraîné l'inondation de la vallée de Chamonix, à priori sans perte humaine à déplorer.
Aujourd'hui en 1998, ce lac n'existe plus, car les conditions topographiques ont bien changé; le niveau du glacier se situe environ 40 m plus bas qu'à cette période.
Cette disparition pourrait être due à la facilité d'écoulement vers l'aval, par suite d'une moindre épaisseur de glace.


Voir également l'inondation de Chamonix.


L'effondrement du pilier occidental des Drus (18.09.1997).

Par le Professeur H. Rougier, Centre d'Etudes Alpines, Université Lyon 3.


UN CAS EXEMPLAIRE DE LA VIGUEUR DES PROCESSUS MORPHODYNAMIQUES DANS LA HAUTE MONTAGNE ALPINE.

Dans la nuit du 18 au 19 septembre 1997, à 1:33 puis le 28 septembre à 18:30, deux effondrements de grande ampleur, dont le second n’est que la réplique du premier, se sont produits sur le pilier occidental du Petit Dru, dans le massif du Mont-Blanc, immédiatement à l’Est de Chamonix. En dessous de 3000 mètres d’altitude, une gigantesque balafre verticale interrompt désormais l’unité que représentait se monolithe de granite, forte image emblématique dans l’horizon haut montagnard de la vallée de l’Arve. Les grimpeurs ont immédiatement remarqué que l’un des itinéraires d’accès au sommet se trouvait irrémédiablement annihilé. Dès le 20 septembre, toujours à la recherche de titres percutants, le "Dauphiné-Libéré" titrait en gros caractères sur la "Une"  : "La voie Bonatti amputée"…

Bien au- delà du sensationnel, de l’imprévu et de l’émotionnel, le géographe physicien se doit d’expliquer ce phénomène, dont l’ampleur a pu surprendre, mais dont l’occurrence est beaucoup plus fréquente qu’on l’imagine.

Trois séries d’éléments aident à comprendre ce qu’il s’est passé, permettent de reconstituer la chronique de l’ébranlement du grand menhir chamoniard.

Il est indispensable dans un premier temps d’établir une sorte d’ "état des lieux", donc de définir le contexte géologique et structural concernant ce pilier occidental des Drus. Une fois campé le décor, il conviendra de restituer le phénomène dans le cadre météorologique des semaines, des jours et des heures qui l’ont précédé. Enfin, il sera possible à partir des processus morphodynamiques qui règnent à cette altitude et en ces lieux particuliers, de déterminer ce qu’il s’est réellement produit en cette nuit de fin d’été et, dix jours après, en fin d’après-midi. La suite ici.

L’Effondrement de 2005 (photo Ludovic Ravanel)


Septembre 2011, plusieurs effondrements successifs


Entre samedi vers 15 h 40 et dimanche 10 h 20 et 13 h 15, sans doute plus de 10 000 m³ de granite se sont décrochés des Drus. Selon le spécialiste de la question, le Chamoniard Ludovic Ravanel, « l’essentiel du volume provient de la marge gauche de la cicatrice d’écroulement de 2005. Cela s’explique par le jeu combiné d’un rééquilibrage mécanique suite à 2005 et d’un approfondissement de la couche active du permafrost en lien avec les températures chaudes de ce dernier mois. » Si la zone d’écroulement (en jaune) est quasiment purgée aujourd’hui, « il est à craindre qu’une autre partie (En rouge/ndlr) se détache très prochainement », selon le glaciologue Sylvain Coutterand. Le nuage, lui, est resté longtemps sous les Drus.   (Ludovic Moreau, le DL)


Eboulement au Chardonnet,
07/09/2010  vers 17h00. Photo Dom MOREIRA



Suisse, catastrophe du Mattmark en 1965.

En Suisse une catastrophe importante fut lors de la construction du barrage du Mattmark
en 1965.
Une chute de séracs qui remonta de l’autre côté de la vallée et fit environs 80 victimes dans les baraquements des ouvriers,  . C’est le glacier de l’Allalin qui déversa un très gros volume de séracs qui déboula dans la vallée et remonta sur le versant opposé pour détruire les baraquements qui se trouvait à plus de cent mètre de dénivelé de l’autre côté.

Le glacier est issu des névés accrochés au versant sud du Strahlhorn (4190 m). Il entame une descente sur l'axe nord-est avant de bifurquer vers l'est, son avancée vers le nord étant bloquée par l'Allalinhorn (4027 m). À l'ouest, le glacier de l'Allalin est relié au glacier de Mellich via le col de l'Allalin (Allalinpass) (3564 m).
La langue glaciaire aboutit à l'ouest du barrage du Mattmark à une altitude d'environ 2750 mètres
(état en 2007). Depuis 1988, le glacier a reculé d'environ un kilomètre. De la langue émerge le torrent de la Saaser Vispa qui descend ensuite dans le Saastal avant de rejoindre le Rhône en plaine.

Dans sa partie médiane, le glacier évolue parallèlement au glacier de l'Hohlaub d'environ 3,5 kilomètres de long et 1 kilomètre de large. Ils étaient auparavant liés. Le glacier de l'Hohlaub part depuis le flanc nord de l'Allalinhorn (4027 m) et longe l´Hohlaubgrat qui le sépare du glacier de l'Allalin.

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Historique.

Pendant le petit âge glaciaire, le glacier de l'Allalin descendait jusqu'au fond de la vallée et bloquait le passage des eaux, formant ainsi un lac glaciaire similaire à celui du glacier du Giétro. Ce phénomène était à l'origine de débâcles glaciaires qui inondaient la vallée et provoquait de nombreux dégâts et victimes. Entre 1589 et 1850, les documents rapportent 26 vidanges importantes et brutales. Au XVIIe siècle, le danger atteint son paroxysme, forçant même la population la plus exposée à quitter la vallée.

* 8 septembre 1589 : inondations et destruction de la route de la vallée
* 1626 : inondations importantes menant à l'évacuation d'une partie de la population
* 1629, 1630 : inondations et dégâts dans la vallée
* 4 août 1633 : inondations importantes, 18 maisons et 6000 arbres détruits ou endommagés, la moitié de la population de la vallée doit quitter les lieux
* 1680 : des crues au cours de l'été détruisent des ponts et provoquent des dégâts dans la vallée
* 1719, 1724, 1733, 1740 : inondations
* 1752, 1755, 1764, 1766 : inondations, en 1755 elles se produisent en hiver alors que le phénomène a habituellement lieu en été
* 17 septembre 1772 : une crue soudaine endommage 18 habitations
* 1790, 1793, 1798, 1808, 1827 : inondations
* 1828, 1834, 1837, 1839, 1850 : inondations
* 1920-1922 : quelques inondations mineures
* 30 août 1965 : catastrophe de Mattmark (voir ci-dessous)
* 15 mars 1976 : l'écoulement des eaux est perturbé par de la glace
* 31 octobre et 1er novembre 1999 : environ 160000 m3 de glace se détachent mais ne provoquent pas de dégâts
* 30 juillet 2000 : 1 million de m3 se détachent à 8h52, pas de dégâts


La Catastrophe.

En 1926, ce danger fut en partie écarté grâce à la réalisation d'une galerie d'évacuation des eaux du côté est de la vallée. Mais le glacier fut à l'origine d'une autre menace puisque la stabilité dans sa partie terminale diminua. La masse de glace n'était en effet plus supportée par la barrière glaciaire présente au fond de la vallée et le glacier s'arrêtait désormais dans une pente abrupte. Le 30 août 1965, lors de la construction du barrage du Mattmark, une imposante masse de glace se détache de la langue glaciaire et s'abat à 100 km/h sur le chantier après 400 mètres de course, tuant 88 ouvriers.

Le recul prévu du glacier devrait à l'avenir écarter définitivement le danger puisqu'il se trouvera sur une surface plus plane où la glace ne pourra plus tomber aussi facilement.
Source Wikipédia.


Nos aïeux ont vu ...

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1860 : La grande crue de l'Arveyron de la Mer de glace.